08/08/2024 0 Commentaires
Soupçonne-moi du meilleur
Soupçonne-moi du meilleur
# Prédications
Soupçonne-moi du meilleur
Prédication du dimanche 11 septembre 2022
(Culte bilingue français-allemand)
« Soupçonne-moi du meilleur ! » Ce slogan a été inventé l'année dernière par un groupe de Lyon comme un appel pour notre temps. La formule a été sprayé sur des trottoirs et des murs, en région lyonnaise, puis un peu partout en France.
Nous vivons en effet à l'ère du soupçon. Et c'est d'abord normal : la démocratie est en partie construite sur un soupçon raisonnable. Pour contrôler ceux qui nous gouvernent, il ne faut pas d'avance les créditer d'une confiance angélique. Une saine incrédulité, un chouïa de soupçon cultivé, est bénéfique au fonctionnement de la société ; ce type de soupçon fait avancer l'intérêt général.
Or vous le savez : pour beaucoup, le soupçon est devenu un but en soi. C'est chic de soupçonner tout et n'importe qui des pires débauches : soupçonner les "gens de pouvoir" d'être tous des pourritures est considéré comme le droit de ceux qui se sentent impuissants, humiliés. Avec un gros bémol : Le "tous pourris" se retourne contre ceux qui le profèrent. Ce n'est pas seulement un problème logique, à la façon du fameux Crétois qui dit que tous les Crétois sont des menteurs ; ce soupçon grossier, qui glisse aisément dans le complotisme, pourrit la vie de ses partisans dont la recherche de "vérités alternatives" devient une obsession.
« Soupçonne-moi du meilleur! Verdächtige mich des Besten! » Diese Worte bilden einen Slogan, der im vergangenen Jahr von einer Gruppe aus Lyon als Aufruf für unsere Zeit erfunden wurde. Der Spruch wurde auf Bürgersteige und Mauern gesprayt, zunächst in Lyon, dann in anderen Städten.
Verdächtige mich des Besten! Das ist wirklich nichts natürliches. Unsere Zeit wird zwar häufig als die grosse Epoche des Verdachts bezeichnet, und das ist ja zunächst gar nichts Schlechtes: eine Demokratie ist auch auf dem begründeten Verdacht gegründet. Um diejenigen, die uns regieren, zu kontrollieren, darf man ihnen nicht von vornherein ein engelsgleiches Vertrauen entgegenbringen. Eine gesunde Ungläubigkeit, ein kultivierter Verdacht, ist für das Funktionieren der Gesellschaft von Vorteil.
Für viele Menschen ist der Verdacht aber zum Selbstzweck geworden. Es ist schick, alles und jeden der schlimmsten Ausschweifungen zu verdächtigen: Die "Mächtigen" zu verdächtigen, dass sie alle Dreck am Stecken haben, das wird als das Recht derer angesehen, die sich machtlos und gedemütigt fühlen.
Freilich wendet sich der Generalverdacht dann auch gegen diejenigen, die ihn aussprechen. Das ist nicht nur ein logisches Problem nach der Art des berühmten Kreters, der gesagt hat, dass alle Kreter lügen; dieser grobschlächtige Verdacht, der leicht in wirre Verschwörungstheorien abrutscht, vermiest das Leben seiner Anhänger, deren Suche nach "alternativen Wahrheiten" zur Besessenheit wird.
Une société, un groupe quelconque où la première réalité dans la relation à autrui serait le soupçon n'est pas plus vivable qu'un couple dans lequel les partenaires s'espionnent ou une équipe de foot où chacun soupçonne l'autre de jouer contre son camp.
Car tout soupçon est ambigu. Il nous est nécessaire pour ne pas en rester à nos naïvetés. Quand il procède par des « peut-être », il n’est jamais péremptoire. C'est quand il mène à des conclusions absolues et des jugements définitifs que son utilité se retourne contre son porteur et le rend suspect, y compris à lui-même, par la négativité totale qu'il respire.
C'est dans cet esprit que la lecture dans le livre du Lévitique nous interpelle ce matin : « Ne commettez pas d’injustice dans les jugements : n’avantage pas le faible et ne favorise pas le grand, mais juge avec justice ton compatriote ; ne te montre pas calomniateur de ta parenté et ne porte pas une accusation qui fasse verser le sang de ton prochain. »
La Bible nous encourage de soupçonner le soupçon, de ne pas le laisser faire une œuvre souterraine de négativité qui est tellement contagieuse. D’où l’utilité de tourner le soupçon vers le meilleur : « Soupçonne-moi du meilleur », c'est une autre façon de dire "Soyez saints, car je suis saint, moi, le SEIGNEUR, votre Dieu".
L'extrait du livre du Lévitique que nous avons entendu se situe au sein d’un des « codes » de la Torah, qui sont des textes de loi, appelé le « Code de Sainteté ». Dans les chapitres 17 à 26 du Lévitique, il est question des conditions de la sainteté, notamment sous forme de prescriptions pour le rituel.
Le soupçon du soupçon devient ici un moyen pour apprendre à vivre en communauté, à faire la part des choses. Un peu de nuance devrait pouvoir nous sortir de l’injustice et de la perpétuation de toutes sortes de conflits. « Soupçonne-moi du meilleur ! » est un slogan pacifique pour notre temps où gagne souvent le soupçon négatif entre les humains alors qu’ils sont appelés à se rencontrer toujours davantage. L’autre dont la présence me dérange ou m’inquiète, dont la différence me trouble ou me perturbe, c’est aussi un être aimé de Dieu.
Eine Gesellschaft, wie jede beliebige Gruppe, in der der erste Schritt in der Beziehung zu anderen der Verdacht ist, ist nicht lebenswerter als ein Paar, in dem sich die Partner gegenseitig ausspionieren, oder eine Fußballmannschaft, in der jeder den anderen verdächtigt, gegen seine Seite zu spielen.
Wenn ein Verdacht zu absoluten Schlussfolgerungen und endgültigen Urteilen führt, wendet sich sein Nutzen gegen seinen Träger und macht ihn verdächtig durch die totale Negativität, die er ausstrahlt - auch sich selbst gegenüber.
In diesem Sinne fordert uns die Lesung im 3. Buch Mose heute Morgen heraus: « Bei Gericht soll es nicht ungerecht zugehen:
Du sollst den Bedürftigen nicht bevorzugen, aber auch den Mächtigen nicht begünstigen. Stattdessen soll es gerecht zugehen, wenn du für deinen Nächsten Recht sprichst.
Du sollst es nicht darauf anlegen, andere vor deinem Volk zu verleumden. Geh auch nicht hin, um das Leben deines Nächsten zu fordern! Ich bin der Herr. »
Die Bibel ermutigt uns, den Verdacht zu verdächtigen und nicht zuzulassen, dass er sein Werk der Negativität vollbringt. Daher ist der Slogan « Verdächtige mich des Besten » eine andere Art zu sagen « Ihr sollt heilig sein, denn ich bin heilig. Ich bin der Herr, euer Gott. »
Ce que Dieu aime à soupçonner en nous, c’est la foi. Ce qu’il cherche, ce qu’il craint de ne pas rencontrer en notre humanité, c’est notre confiance en Lui. Et c’est le secret de cette confiance qu’il nous a donnée, et nous donne encore, que de nous soupçonner du meilleur.
« Soupçonne-moi du meilleur ! », cela nous aide à suivre le Christ. Car il n’a pas cessé de faire apparaître à nos yeux ce que Dieu aime dans le cœur humain. Si le Père ne cesse pas de soupçonner positivement notre foi, c’est parce qu’il cherche en nous le meilleur.
Avec les mots de Dietrich Bonhoeffer que nous allons dire ensemble, tout à l'heure, lors de la confession de foi : "Je crois que Dieu peut et veut faire naître le bien à partir de tout, même du mal extrême. Aussi a-t-il besoin d'êtres humains pour lesquels 'toutes choses concourent au bien'."
Der Verdacht des Verdachts ist ein Mittel, wieder zu lernen, wie man in Gemeinschaft lebt und den Verdacht vernünftig einordnet. « Verdächtige mich des Besten » ist ein friedlicher Anstoss für unsere Zeit, in der der andauernde negative Verdacht zwischen den Menschen um sich greift, obwohl - oder weil - sie sich immer mehr begegnen. Die Bibel sagt es ganz einfach: Dieser andere, dessen Anwesenheit mich stört oder beunruhigt, dessen Andersartigkeit mich verwirrt oder verunsichert, ist auch ein von Gott geliebtes Wesen.
Und so verdächtigt Gott uns sogar selber. Er verdächtig uns, ihm Glauben schenken zu können. Was er sucht, ist unser Vertrauen in ihn. Und es ist das Geheimnis dieses Vertrauens, dass er uns das Beste zutraut.
Um es mit den Worten von Dietrich Bonhoeffer zu sagen, die wir nachher beim Glaubensbekenntnis gemeinsam sprechen werden: « Ich glaube, dass Gott aus allem, auch aus dem Bösesten, Gutes entstehen lassen kann und will. Dafür braucht er Menschen, die sich alle Dinge zum Besten dienen lassen. » Amen !
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